Médiocosmos

M E D I O C O S M O S

/ Marbre de Vigaria et métal

200 x 245 x 145 cm

2024

Exposition "Phanères et tégument", Sainte-Geneviève-des-Bois

Oeuvre réalisée dans le cadre d'une résidence du Conseil Régional d'Ile-de-France et soutenue par le CollectifCulture 91

Production : Société Marbrek-Cmf

Le Torquigener (Tétrodon) est un petit poisson qui vit principalement près des îles Ryūkyū, au Japon. Il réalise durant une dizaine de jours, sans relâche, une aire de parade complexe, qui servira aussi de nid. Il s’agit d’une rosace atteignant jusqu’à 2 mètres de diamètre, façonnée dans le sable, entre 10 et 25 mètres de profondeur, par de multiples mouvements de nageoires pelviennes. L’ouvrage sera ensuite parsemé de petits coquillages sur ses reliefs. Des études scientifiques récentes ont révélé que la réalisation, comportant des variations de couleurs, de formes et de granulométrie de sable, correspondrait à une logique mathématique répondant à un problème précis : freiner les courants d’eau au centre de la construction, pour la dispersion des oeufs (jusqu’à 25%).

La femelle va donc devoir comparer les différentes aires, et choisir l’auteur de celle la plus efficiente pour sa future progéniture. Mais sur quels critères sensoriels fait-elle son choix ? Quels sont les indices qui font signes dans ce mécanisme lié à la sélection ?

La réalisation de ce poisson architecte-ingénieur est aussi fragile qu’éphémère, pouvant être effacée au moindre courant.

A partir d’une numérisation 3D réalisée par une équipe universitaire japonaise, un robot tailleur de la société Marbrek, a retranscrit dans le marbre les délicats déplacements du poisson. Médiocosmos * est un objet de mémoire qui tente d’enregistrer, de graver dans le marbre cette chorégraphie délicate, en transposant le marbre au sable, la lumière à l’eau, et l’horizontalité à la verticalité. L’usage des procédés numériques permet de créer une brèche dans le réel, ouvrant la porte à toutes sortes des projections sur le vivant : nous serions alors face à un vestige d’une cité antique engloutie, telle l’Atlantide, ou d’une énigmatique ville Mésopotamienne à l’irrigation circulaire du Tell Hariri… autant de traces archéologiques d’une « civilisation » proche et lointaine qui renfermerait en elle-même tous ses mystères…

« Mediocosmos » = Monde de la perception commune (Adolf Portmann).